Atelier 4 — Le continent africain face à la montée de l’extrémisme violent
Contexte
Malgré le contexte de crise sanitaire due à la COVID-19, l’instabilité en Afrique n’a pas faibli. Le continent reste l’une des principales zones où sévit la violence, sous plusieurs formes : extrémisme violent, luttes intercommunautaires, prolifération de bandes armées, réseaux criminels, etc. Ces différentes formes pouvant d’ailleurs s’imbriquer et se nourrir mutuellement.
Au cours de l’année 2020, 1 878 attaques terroristes ont été recensées sur le continent, ayant provoqué 8 211 morts (dont 1 778 terroristes). La majorité (59 %) des attaques a été perpétrée contre des civils, 35 % contre les personnels des forces de défense et de sécurité, tandis que 6 % ont visé les institutions gouvernementales et les organisations internationales1.
Trois tendances lourdes peuvent être dégagées de cette violence extrême en Afrique.
Premièrement, les attaques se sont multipliées en Afrique de l’Est, de l’Ouest et du Centre, engendrées par une recrudescence des actions des groupes armés djihadistes, comme les branches régionales d’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), les bandes issues du démembrement de Boko Haram, ou encore les filiales locales de l’État islamique comme l’EIAO (État islamique en Afrique de l’Ouest). À cela s’ajoutent les conflits de nature communautaire, liés au pastoralisme, au vol de bétail, aux trafics illicites, et aux violences pour l’accès aux ressources.
Deuxièmement, en réponse à ce contexte sécuritaire, les efforts militaires et politiques se sont multipliés. Efficace dans son strict domaine d’emploi, la réponse militaire seule n’est pas suffisante pour renverser la tendance et atténuer l’extrémisme violent en Afrique. Pour leur part, les actions politiques ont des effets perceptibles sur un temps plus long.
Enfin, la réaction des populations et des communautés à l’égard des efforts déployés par les États et les organismes régionaux et internationaux a été mitigée. Les opérations militaires ont été accueillies avec réserve, alors même que les populations expriment une attente réelle de solutions durables en faveur du développement.
Objectif
L’atelier vise à fournir des éclairages sur la situation actuelle en matière de lutte contre la montée de l’extrémisme violent, aux plans politique et militaire. Il s’agit également de proposer des solutions pour renforcer les politiques de prévention et les capacités de lutte en vue d’améliorer durablement la sécurité des populations.
Enjeux
- Quelles réponses politico-militaires pour lutter contre le développement et l’expansion des mouvements extrémistes violents ?
- Comment endiguer et prévenir les conflits intraétatiques pouvant dégénérer en conflits régionaux (situation en Éthiopie, au Soudan du Sud, au Mali, etc.) ?
- Quelles pourraient être les réponses des organismes régionaux pour mieux coordonner la lutte contre la criminalité transfrontalière et les groupes extrémistes transnationaux ? Quel appui attendre des partenaires extérieurs ?
- Jusqu’où la mutualisation de certains moyens et capacités (militaires, renseignement, sécurité, etc.) entre États voisins est-elle envisageable ? Sous quelles conditions ?
- Quelle coopération entre les secteurs publics et privés pour renforcer les capacités des États africains dans la lutte contre l’extrémisme violent ?
1Discours de M. Idriss Mounir Lallali, Directeur du CAERT, Réunion des points focaux du CAERT, 8 – 9 février 2021
Orateurs
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Anas EL GOMATIModérateur
Président (SADEQ Institute)
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Andrew LEBOVICHSpeaker
Chercheur (ECFR) / European Council on Foreign Relations (ECFR)
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Annadif MAHAMET SALEHSpeaker
Représentant spécial chargé du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (ONU-UNOWAS)
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Bakary SAMBESpeaker
Directeur (Timbuktu Institute)
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Khassim DIAGNESpeaker
Représentant spécial adjoint pour la protection et les opérations au sein de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO)
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Maggie JANES-LUCASDiscutante
Directrice Régionale pour le Sahel / Tony Blair Global Institute
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Sayoko UESUSpeaker
Chercheuse Associée, National Graduate Institute for Policy Studies (GRIPS)
Son domaine d’expertise est l’économie politique et les questions de sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest, ainsi que la politique étrangère et de développement du Japon envers l’Afrique. Elle a également rejoint l’Institut d’études africaines de l’Université Meiji à Tokyo en tant que chercheuse invitée depuis 2020. Parallèlement à sa carrière universitaire, elle a travaillé comme conseillère pour les questions africaines à l’ambassade du Japon en France, et comme analyste sur le terrorisme international à la Service de renseignement et d’analyse du Ministère des Affaires Etrangères.