Atelier 1 — Réformer le secteur de la sécurité en Afrique : quelles réponses aux défis capacitaires des Armées ?

Contexte

L’Afrique est confrontée à un éventail changeant de menaces et risques qui marquent le quotidien des États depuis les années 1960. Aux guerres de libération nationale ont succédé les conflits intra étatiques dans les années 1990. Tout aussi meurtrière, la vague djihadiste de ce début du 21e siècle progresse dans un contexte où les Etats se trouvent fortement affaiblis par l’impact économique de crises exogènes et de faiblesses endogènes comme la pauvreté, le poids de la dette et un corps social fracturé. La sécurité étant un pilier important de la stabilité, le renforcement des capacités de ses acteurs reste un volet essentiel de tout processus de réforme du secteur de la sécurité sur le continent. Actuellement, dans plusieurs pays africains, l’usage disproportionné de la force, les irruptions répétées dans la vie politique en vue de confisquer le pouvoir, la mauvaise gouvernance sécuritaire, les lacunes graves dans la prévention et la lutte contre l’insécurité contribuent à faire des forces de défense et de sécurité des facteurs d’insécurité et d’instabilité. Partant du postulat que la sécurité est une des conditions majeures du développement, la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) a pour ambition de corriger ces dysfonctionnements afin de remettre les systèmes de sécurité en capacité d’assurer en toutes circonstances, leurs missions régaliennes, c’est-à-dire la souveraineté de l’État et la protection des personnes et de leurs biens. Les conflits contemporains sur le continent ont beaucoup évolué et sont devenus, aujourd’hui, transfrontaliers et nomades. Par opportunisme, plusieurs parties prenantes non étatiques à ces conflits, notamment des groupes armés, s’autonomisent à la fois par rapport à leurs leaders politico-militaires et même parfois aux causes originelles pour lesquelles elles ont pris les armes ; ces groupes armés mettent tout en œuvre pour étendre et consolider leurs actions au-delà des frontières des États, pour créant ainsi de vastes espaces de non droit dans des zones ou la gouvernance de l’État est structurellement déficiente. Cette évolution négative de la situation sécuritaire générale et les réponses que tentent actuellement de lui apporter les États ont mis en lumière des déficits capacitaires majeurs des acteurs étatiques de la sécurité, notamment les armées nationales et appellent une nouvelle approche plus collective. Les pays les plus touchés ont besoin notamment d’engager une réforme de leur secteur de la sécurité dans le cadre d’une coopération internationale renforcée pouvant permettre d’apporter une réponse collective à des problèmes de sécurité nationale ayant pris une envergure régionale. Dans cette perspective, une attention particulière devra être accordée à la recherche de solutions efficientes aux défis capacitaires des armées nationales qui restent les piliers de toute réponse sécuritaire d’urgence aux crises.

Il s’agira notamment de résoudre durablement l’équation complexe de la réorganisation, de la modernisation, de l’armement, l’équipement, la formation et l’entraînement des armées nationales et surtout leur réorientation prioritaire vers les activités opérationnelles de sécurité qui constituent leur cœur de métier.

Objectifs

Proposer des réponses réalistes aux défis capacitaires actuels des armées nationales africaines, dans le cadre d’une réforme du secteur de la sécurité.

Points à traiter

  • Quels sont les principaux défis capacitaires majeurs actuels des armées africaines face à une insécurité mutante menaçant directement la stabilité de plusieurs États ?
  • Quel modèle de forces de défense et de sécurité pour faire face aux multiples défis sécuritaires ?
  • Quelles approches nationale et internationale pour des réponses appropriées durables aux déficits de capacité identifiés au niveau des armées nationales ?
  • Quelles réponses durables aux difficultés récurrentes de financement des processus de RSS en Afrique ?

Date

24 Oct 2022
Expired!

Heure

15h45 - 17h45
Catégorie

Orateurs

  • Ahmédou OULD-ABDALLAH
    Ahmédou OULD-ABDALLAH
    Modérateur

    Président du think tank Centre4s (Centre pour la Stratégie et la Sécurité dans le Sahel Sahara)

    Monsieur Ahmedou OULD ABDALLAH a été ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de la République Islamique de Mauritanie. Ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Burundi, en Somalie et pour l’Afrique de l’Ouest et directeur de la Coalition Mondiale pour l’Afrique, Ahmedou OULD ABDALLAH est membre fondateur de l’ONG Transparency International.

  • Emmanuela Claudia DEL RE
    Emmanuela Claudia DEL RE
    Intervenante

    Emanuela C. Del Re a toujours été engagée dans la politique étrangère. Professeur d’université italienne, sociologue, elle est experte en relations internationales, sécurité, géopolitique.
    Études des conflits, migrations, réfugiés, minorités, phénomènes religieux, axes de connexion et réseaux énergétiques, avec une longue expérience de terrain dans les zones de conflit depuis 1990.
    Représentante spéciale de l’UE pour le Sahel depuis juillet 2021, elle a été vice-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de l’Italie de 2018 à 2021 et membre du Parlement italien.

  • Général Bassante ALY BADARA
    Général Bassante ALY BADARA
    Intervenant

    Ministère de la Défense de Côte d’Ivoire.
    Commandant du Commandement des Unités Spécialisées de la Gendarmerie Nationale depuis 2019, le Général Bassanté est saint-cyrien, diplômé de l’Ecole de Guerre de Paris et détenteur d’un MBA en Management Stratégique et Intelligence Economique de l’Ecole de Guerre Economique de Paris. Commandant de l’Unité d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (UIGN) de 2004 à 2020, il a été pendant plus de 08 ans (2005-2013) le point focal du Ministère de la Défense pour les questions liées à la lutte contre le terrorisme. Il a actuellement sous sa responsabilité les unités de gendarmerie impliquées dans la sécurité des frontières aériennes et maritimes ivoiriennes, celles dédiées à la lutte contre le terrorisme et à la défense opérationnelle du territoire ainsi que celles spécialisées dans la sécurité des personnes et sites sensibles.

  • Général de Division (2S) Philippe BOUTINAUD
    Général de Division (2S) Philippe BOUTINAUD
    Intervenant

    Conseiller sécurité et stratégie du Directeur du DCAF- Genève
    Travaille depuis novembre 2020 au DCAF (Centre pour la Gouvernance du secteur de la sécurité). Ancien général français, il a commandé la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (2015-17) en charge des secours sur Paris et la région parisienne. Il a une vaste expérience internationale comme chef du service des affaires de sécurité internationale du MINDEF français, comme directeur de cabinet du président du comité militaire de l’UE et Special assistant du président du comité militaire de l’OTAN. Il a aussi une vaste expérience opérationnelle en opérations dans les Balkans, en Afrique et Afghanistan.

  • Hervé TEMPOREL (Expertise France)
    Discutant
  • Jocelyne NAHIMANA
    Jocelyne NAHIMANA
    Intervenante

    Depuis Février 2016, Madame Jocelyne Nahimana travaille à la Commission de l’Union Africaine à Addis Abeba en Ethiopie, comme Experte en Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS), au sein du Département Affaires Politiques, Paix et à la Sécurité, Division RSS/DDR. Elle a été affectée au siège de l’Union Africaine après sa mission de consultance à Madagascar, pour appuyer techniquement le développement de la lettre de Politique Générale sur la RSS. Elle a travaillé comme haut cadre à l’Assemblée Nationale du Burundi ; a été chargé de Programme de Gouvernance de Sécurité ( Burundo-Neerlandais), a représenté deux organisations internationales « American Bar Association-Rule of Law Initiative » et l’Association des Parlementaires Européens Pour l’Afrique (AWEPA) au Burundi.

  • Niagalé BAGAYOKO
    Niagalé BAGAYOKO
    Intervenante

    African Security Sector Network Chair

    Niagalé Bagayoko est docteure en Science politique, diplômée de l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris. Sa thèse a obtenu le premier prix de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Elle a dirigé le programme « maintien et consolidation de la paix » de l’Organisation internationale de la Francophonie après avoir a été chercheure à l’Institute of Development Studies (IDS) de Université du Sussex (Royaume-Uni) et à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, France) ainsi qu’enseignante en relations internationales à l’IEP de Paris. Elle est actuellement Présidente de l’African Security Sector Network (ASSN).

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