Atelier 1 — Le défi sanitaire : vers une gestion collective des pandémies
Contexte
Les conséquences politiques, économiques et sociales de la pandémie de Covid-19, notamment sur le développement et la stabilité des États africains, démontrent que les questions sanitaires occupent désormais une place majeure dans les enjeux de sécurité. Comme l’extrémisme violent, ignorant les frontières et combattu aussi bien au niveau national que régional, la lutte contre la pandémie doit trouver des réponses adaptées. Dans ce contexte, une stratégie concertée semble une condition indispensable, non seulement pour vaincre la pandémie, mais aussi pour assurer la sortie de crise sanitaire rapide du continent africain.
L’articulation entre les différents niveaux de décision et d’action – locaux, étatiques, régionaux et internationaux – doit faire l’objet d’une réflexion approfondie afin de définir le rôle de chacun, tout en tenant compte des contextes africains et de leurs particularités. Le renforcement de la gouvernance et des moyens d’action de certaines instances régionales et continentales apparaît comme un prérequis pour favoriser une meilleure mise en œuvre des politiques publiques.
Outre le renforcement des coordinations entre institutions, dans certaines situations, le recours à des partenariats public-privé pourrait permettre de trouver des réponses pertinentes au défi que présente la pandémie. Ici, il ne s’agit pas de s’opposer aux initiatives multinationales, mais de les compléter ou de les soutenir, sous réserve d’une bonne coordination encore une fois. Ces partenariats pourraient concerner, par exemple, le soutien à la recherche dans le domaine sanitaire ou encore le renforcement ponctuel des structures en charge de la lutte contre la pandémie dans le domaine de la logistique notamment.
Par ailleurs, une réflexion devrait être menée autour d’un nouveau multilatéralisme au niveau mondial pour faire face de manière plus équilibrée aux futures pandémies qui ne manqueront pas de surgir. Il s’agirait d’éviter les réflexes isolationnistes, surtout lorsqu’il y a tension ou pénurie sur l’accès aux outils de protection (masques), de dépistage (tests), de soin (oxygène) ou de prévention (vaccins). Une gouvernance renouvelée des politiques sanitaires pourrait d’ailleurs servir de modèle pour d’autres catégories d’aides, comme les aides au développement. Les pays développés semblent conscients de la nécessité de la solidarité dans la lutte contre la pandémie. Le dernier sommet du G7 s’est ainsi traduit par une augmentation de 4,3 milliards de dollars d’aides supplémentaires à l’OMS destinés à faciliter l’accès au vaccin dans les pays en développement.
L’implication des forces armées et de sécurité des pays africains dans la lutte contre la Covid-19 constitue une autre piste à explorer. En effet, grâce à leur organisation, la qualité de leurs ressources humaines et de leurs équipements, elles ont fortement contribué à la gestion de la pandémie, tout comme à celle d’Ebola en Afrique centrale et Afrique de l’Ouest auparavant. Des structures régionales de sécurité existent dont certaines sont déjà fortement sollicitées dans le combat contre l’extrémisme violent. Toutefois, il pourrait être opportun de réfléchir aussi à l’utilisation accrue de ces mêmes structures pour lutter contre les futures pandémies.
Enfin, il sera difficile de ne pas évoquer l’implication des populations africaines elles-mêmes. Sans leur compréhension des défis que les pandémies impliquent ou leur soutien aux dispositifs de lutte, toute politique publique est vouée à échouer.
Objectif général
Cet atelier porte sur l’articulation des moyens d’une riposte collective face à la pandémie afin d’assurer la stabilité et le développement de l’Afrique. Les crises sanitaires actuelles et passées montrent que les solutions reposent sur le renforcement et la structuration des réponses communes plutôt que des politiques strictement nationales.
Enjeux
- Comment harmoniser, dans les cadres nationaux et régionaux, la coopération dans la gestion des crises sanitaires ?
- Quelle coopération internationale et quelle vision commune de la riposte anti-pandémie ?
- Comment favoriser un nouveau partenariat public-privé, que ce soit dans la lutte contre les pandémies ou dans la prise en charge des défis économiques induits ? Quelle articulation avec les autres initiatives (étatiques, régionales)
- Quelle implication des forces de défense et de sécurité dans la gestion des crises sanitaires ? Quel rôle éventuel des organisations de sécurité régionales ?
- Comment mieux impliquer les populations africaines dans le dispositif global de lutte contre les pandémies, et comment les insérer aux côtés des autres initiatives (étatiques, régionales, internationales) d’une manière inclusive, dans toute leur diversité (femmes, jeunes, société civile, collectivités locales, associations…) ?
Orateurs
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Amadou Alpha SALLSpeaker
Directeur (Institut Pasteur Dakar) / Institut Pasteur Dakar (Sénégal)
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Bertrand WALCKENAERSpeaker
Directeur général adjoint de l’Agence Française de Développement (AFD) / Agence Française de Développement (AFD)
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Gurvan LE BRASModérateur
Directeur adjoint du Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France) / Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (France)
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Intissar FAKIRSpeaker
Directrice du Programme Afrique du Nord et Sahel (Middle East Institute)
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Johanna SUMUVUORIDiscutante
Secrétaire d’État de Ministère des Affaires étrangères / Ministère finlandais des Affaires étrangères
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Mame Thierno DIENGSpeaker
Directeur (Armées Sénégal) / Hôpital d’instruction des Armées (Sénégal)
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Robert DOELGERSpeaker
Directeur pour l’Afrique sub-saharienne et le Sahel (MAE Allemagne) / German Federal Foreign Office