Atelier 4 — Coopération entre l’Afrique et ses partenaires dans les domaines de la défense et de la sécurité
Contexte
La coopération en matière de défense-sécurité entre l’Afrique et ses partenaires extérieurs reste encore tributaire des accords conclus avec les anciennes puissances coloniales dans un contexte de décolonisation, malgré son élargissement à de nouveaux acteurs, depuis la fin des années 90. Articulée initialement autour du concept d’assistance technique bilatérale, la coopération défense-sécurité a connu plusieurs évolutions à la faveur des bouleversements géopolitiques qui ont traversé le continent.
Ainsi, à titre d’exemple, l’interventionnisme des années post indépendance (Tchad, RCA, RDC ex-Zaïre) a laissé progressivement la place à un modèle de coopération visant à s’adapter aux exigences des pays africains dans leur quête d’un partenariat plus diversifié et conforme aux multiples besoins de leurs outils sécuritaires (formation, entrainement, équipement, etc.). Toutefois, ce nouvel élan de coopération semble traverser, à son tour, un cycle turbulences aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral.
En effet, la dégradation de la situation sécuritaire notée ces deux dernières décennies (RDC, Mali, Centrafrique, Bassin du Lac Tchad, Ethiopie etc.) et l’impossibilité de la plupart des États concernés d’y apporter des réponses efficaces, nonobstant l’intervention parfois directe des partenaires extérieurs, ont mis en évidence la nécessité de repenser les termes de cette coopération sécuritaire À l’analyse, la coopération traditionnelle semble essoufflée, accusée qu’elle est d’inefficacité face aux nouveaux défis émergents, singulièrement le terrorisme. De nos jours, elle fait l’objet d’une crise aigüe, au regard de la perception négative grandissante des opinions publiques africaines, exaspérées par l’absence de résultats tangibles face aux groupes terroristes. Les péripéties du retrait de l’Opération Barkhane du Mali et les récentes manifestations hostiles vis-à-vis des troupes onusiennes en RDC et au Mali sont autant de signes d’une crise profonde de la coopération sécuritaire bilatérale et multilatérale entre l’Afrique et ses partenaires. Cette situation, qui se déroule sur fond de rivalités géopolitiques entre États (France, Russie, Chine, Turquie) et d’apparition de nouveaux acteurs dont des sociétés militaires privées, ouvre une nouvelle ère de redéfinition des enjeux de la coopération entre l’Afrique et les partenaires extérieurs. Pourtant, cette coopération sécuritaire s’impose naturellement, à l’heure où le terrorisme, les changements climatiques, la criminalité internationale organisée font peser des risques réels sur les sociétés et les économies à l’échelle mondiale. Ces mégatendances qui constituent des sujets d’intérêt mutuel pour tous les États, les contraignent à l’entraide et la solidarité pour asseoir une gouvernance sécuritaire mondiale.
Objectifs
Tirant le bilan de la coopération bilatérale et multilatérale dans le domaine sécuritaire, il s’agit d’explorer les voies et moyens d’impulser, sur de nouvelles bases, une coopération mutuellement bénéfique entre l’Afrique et les partenaires extérieurs.
Points à traiter
- Quelles sont les entraves à une coopération de défense et de sécurité entre l’Afrique et ses partenaires extérieurs ?
- Quelles nouvelles bases instaurer entre Etats pour une coopération sécuritaire efficace ?
- Quel type de coopération (bilatérale, multilatérale, privée) promouvoir dans la lutte contre l’extrémisme violent ? Quelles mesures envisager pour mieux adapter les missions onusiennes de maintien de la paix aux impératifs sécuritaires des pays d’accueil ?
Orateurs
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Abdoulaye FALLModérateur
Général du cadre de réserve
Né en 1952, entré en service en 1972 et officier depuis 1975, il a servi sans interruption pendant 40 ans à différents niveaux et dans différentes composantes des Forces Armées du Sénégal à l’intérieur comme hors du territoire national. Au titre des hautes fonctions, il a été Commandant de la Force Expéditionnaire du Sénégal lors de l’opération GABOU en Guinée Bissau, Commandant des forces de la CEDEAO puis des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Il a été Attaché militaire au Maroc, Chef de l’Etat-major Particulier du Président de la République et Chef d’état-major général des Armées. Il a terminé sa carrière active comme Ambassadeur du Sénégal en R.P. de Chine puis Ministre Conseiller dans le cabinet du Président de la République.
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Amandine GNANGUENONDiscutante
Chercheure associée, Université des Nations Unies – Institut d’études Comparatives d’Intégration régionale (UNU-CRIS)
Amandine Gnanguênon est docteure en science politique de l’université Clermont Auvergne. Elle travaille comme conseillère indépendante senior dans le cadre de la prévention des conflits dans le pays côtiers en Afrique de l’Ouest. En tant qu’analyste politique, elle a notamment été chercheure au programme Afrique à European Council on Foreign Relations (ECFR), au bureau de Dakar de l’Institut d’études de sécurité (ISS). Elle a également créé et dirigé le programme Afrique à l’Institut de recherche stratégique de l’école militaire (IRSEM) à Paris (2010-2013).
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Auguste Denise BARRYIntervenant
Colonel/Doctorant
Ancien ministre, est expert en défense, sécurité, gestion des Conflits et des Catastrophes, membre du Panel Indépendant de Haut Niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel de l’ONU-UA. Il est Fondateur et Directeur Exécutif du Centre d’Etudes Stratégiques en Défense et Sécurité (CESDS) du Burkina. Il est enseignant vacataire à l’Université Ouaga I, à l’Institut Supérieur de Sécurité Humaine, à l’Institut Africain des Industries Culturelles de Ouagadougou et chargé du cours « Paix et sécurité en Afrique » au programme MOOC Démocratie-Bonne gouvernance-Elections du Charter Project Africa d’AfricTivistes et de l’UA. -
Bernard QUINTINSpeaker
Directeur Général adjoint pour l’Afrique (SEAE) / Union Européenne (UE)
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Oswald PADONOUIntervenant